Du 4 au 9 mai dernier, j’ai fais partie des participant•es du séminaire du 68ème Festival d’Oberhausen en Allemagne, dédié aux films courts. Activé et mené par la critique et curatrice Ruth Noack cette année, le séminaire a été pendant ces 5 jours le lieu à la fois d’un intense programme de visionnage de films, et d’échanges journaliers sur ce corps commun de films vu par les différent•es participant•es.
L’expérience a été pour moi à la fois le lieu d’une intense fatigue et d’une sur-stimulation intellectuelle et émotionnelle véritablement abondante. Avec cinq séances de films par jour, d’une qualité vraiment supérieure (la curation des multiples programmes d’Oberhausen est particulièrement excellente, qu’il s’agisse des sélections, des re-sélections comme des programmes), les discussions en rapport avec les programmes au sein du groupe, et tous les échanges menés en parallèle avec d’autres personnes présentes sur le festival, l’impact de chaque élément formait une multiplication ascendante où se mêlaient pour moi aux questions de société les questions d’époques et de temporalité, ainsi que des questions sur le travail, les formes, les positionnements et les qualités.
La diversité des pays des participant•es a été pour moi d’un grand apport : avec des personnes venues des États-Unis, d’Inde, d’Allemagne, du Portugal, de Colombie, du Pérou, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, d’Italie, de Suède, de Roumanie, des Pays-Bas, de Thaïlande, du “so called Canada”, mais aussi de diverses disciplines (anthropologie, histoire de l’art, critique, production, réalisation, curation, fanzines…), l’échange sur les pratiques et les points de vue était particulièrement riche.
Pendant 5 jours, un lieu s’est alors formé autour de notre groupe d’échange : il s’appuyait sur la salle 404, où avaient lieu les rendez-vous dans des configurations très libres, mais également sur WhatsApp, par les mini-groupes se formant dans et en dehors des séances de films, et dans les échanges pouvant être menés de personnes à personnes.
Aussi intensément que ce ‘lieu’ a essayé de s’établir dans ces multiples directions, se défait-il le séminaire terminé pour prendre peut-être sa forme définitive : celle, spectrale, d’une conversation invisible destinée à être menée pour toujours, au contact de nouveaux films, idées, concepts rappelant ce temps intellectuel intense vécu, les variétés de points de vue et les échanges qui ont pu y prendre place.
Un séminaire comme lieu initial d’une réactivation permanente, pré-espace d’un fil dialogique à plusieurs voix en devenir : j’ai aimé cette expérience et souhaite à tout le monde de la vivre. J’ai surtout aimé participer pour la première fois à ce festival par le biais de ce cadre particulier. L’intensité !
Marie-Pierre Bonniol
Vidéo d’archive par Ruth Noack